De l’enfant sorcier à l’enfant martyr

 

DE L’ENFANT SORCIER A L’ENFANT MARTYR

Anthropologie psychanalytique des figures du n’doki et du nganga dans la société bakongo

Par Didier Mavinga Lake sous la direction de M. Markos ZAFIROPOULOS, directeur de recherche au CNRS

Présentée et soutenue publiquement le 06 novembre 2010

JURY:

  • M. Le Professeur Paul-Laurent ASSOUN, Président
  • M. Le Professeur François SAUVAGNAT, Membre du jury
  • M. Le Professeur Denis DUCLOS, Membre du jury

 

   À travers notre recherche et nos travaux cliniques, nous avons observé deux phénomènes du traitement de la douleur parmi les populations bakongos d’Afrique Centrale. Le premier tient à l’insistance du symptôme (et à sa « vérité »), qui que les Bakongos ne croient plus au « pouvoir » du thérapeute traditionnel, le nganga (guérisseur-magicien) et préfèrent tourner maintenant vers la prière, le prêtre, le pasteur, dans une sorte « d’appel au père » inscrit dans un mouvement de christianisation de ces sociétés. Le deuxième phénomène est une inscription de l’enfant dans une position de ndoki, sorcier à pouvoir maléfique. Il s’agit donc d’apercevoir dans ces sociétés, une structure inversée de la culpabilité où c’est l’enfant qui est inculpé d’une culpabilité familiale. Cet enfant africain, « cause » du malheur de la famille, devient aussi la source de sa rédemption.

   Notre travail a consisté à tenter de montrer de quelle manière s’effectue un virage de l’enfant ndoki (sorcier maléfique) à l’enfant martyr dans ces sociétés africaines.

   Mais il s’agit aussi de prendre en compte, non pas que les démêlés avec le père, non pas que les démêlés avec le diable, mais aussi les démêlés avec la mère, ou encore avec la menace de castration par la mère dévorante; ce qui fait aussi de l’enfant sorcier un enfant fétiche de la mère.

 

   Through our research and clinical work we observed two phenomena concerning of pain treatment, among the Central African bakongo populations. The first one is the symptom insistance (and its « truth »), that causes the bakongos no longer to believe in the traditional power of the nganga (healer magician) but to prefer now to turn to prayer, the priest or the pastor, in a kind of « call to the father » made as part of the movement Christianization of this society. The second observable phenomenon is the child being cast in the role of ndoki (evil power wizard).

   What should be notced in these African societies is an invented guilt structure where it is the child who bears the family guilt.

   This African child « cause » of the family misfortune thus becomes the origin of its redemption. In these studies, our work consisted of an attempt to show how the ndoki child (evil power wizard) is transformed into the child martyr, in these African societies.